Le spliff et le spleen

Il était une fois, mais cette fois ce n'est pas un conte de fée, une fois une fille, une folle, une frêle. Une enfant dans un corps d'adulte, une vielle dame dans un corps d'ado.

J'ai l'esprit torturé mais le sourire aux lèvres, parce que je joue un rôle, et avouons le, je joue très bien. Le bonheur est un script que je connais par coeur, je l'ai longtemps révisé, rabaché, présenté. Je vous le dis, je suis heureuse, et vous me croyez.

Ces derniers jours j'ai repêté que je n'étais pas triste, que je savais ce que je faisais. En rompant avec toi, qui était toute ma vie pendant environ 4 ans. J'ai vécu des années par toi, buvant tes paroles. Je pense qu'à ce moment là, que durant ces deux dernières années, j'étais heureuse. Heureuse par intermittence, certes, mais heureuse quand même. Quand on cohabite avec la depression comme une épée de damoclès, ce sera de toute façon toujours du bonheur en intérim.

Je la pense partie par moment, j'espère à m'en tordre les doigts. Mais je sais qu'elle est là, je me suis résignée. C'est comme ça, certains sont maniaques, d'autres obsédés, moi j'ai la depression en moi.

Je ne suis pas triste, mais j'ai peur. 

J'ai peur d'avoir fait l'erreur de ma vie, de m'en mordre les doigts jusqu'à ma viellesse, d'erer sans but tout le reste de mon existance sans toi. J'ai peur de ne jamais revivre notre amour d'antant avec quelqu'un d'autre. J'ai peur que tu trouves quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux, quelqu'un de mince. J'ai peur de recommencer à pleurer comme il y a trois ans. J'ai peur de finir seule avec ma dépression. J'ai peur qu'elle revienne encore. Peur de perdre le contrôle encore, de refaire glisser la nourriture hors de moi, de ne plus pouvoir m'arrêter, et d'être à nouveau happée par ce tourbillon de raisonnements insensés.

Je suis mon pire cauchemar, je suis embuée, je suis absurde, déraisonnable, dingue, excessive et folle.

Je suis ma plus grande guerre.