ai-je un jour réellement su ?
Je suis une funambule, je tiens vaguement en équilibre. De là où vous êtes je suis impressionnante, vous vous dites que j’ai affronté tant de choses, que je m’en suis sortie quasiment toute seule, que je suis saine et heureuse. Aujourd’hui j’ai un tas de choses enviables, je plais, j’ai la santé, et probablement du bonheur. Mais tout ça c’est subjectif hélas. Hélas, votre vue est floutée par la distance que j’ai induite entre vous et moi. Hélas vous ne le saurez jamais. Ce que je vois moi, c’est le vide qui m’entoure, hormis cette corde sur laquelle je marche jour après jour qui m’évite de tomber, il n’y a que du vide.
Ce soir je suis à deux doigts de glisser, je ne sais pas pourquoi ces derniers temps cette pulsion morbide d’éjecter ce que j’ingère est revenue. Je me pensais forte, je me pensais au-dessus, mais ça me rattrape comme une branche en pleine face.
6 ans plus tard, et je ne sais toujours pas qui je suis. Je ne sais pas à quoi je ressemble, je ne sais pas si je suis grosse, si je suis mince, si je suis normale. Je ne sais pas si je suis belle, si je suis moche. Mieux ou moins bien qu’avant. Je vis à l’aveugle. Je sais que je plais, je sais que j’en joue, mais qui me croirait si je vous avouais que le soir chez moi je pleure en me regardant dans le miroir. 6 ans plus tard et je me déteste toujours. Pourtant j’ai tout ce qu’il faut pour être heureuse, je suis une enfant pourrie gâtée qui se cherche des problèmes me direz-vous. Moi je vous dit que non, je suis à deux doigts de glisser ce soir, encore une fois, glisser sur le carrelage gelé de mes toilettes et tomber toujours plus bas dans mon estime.
Je ne comprendrais jamais pourquoi c’est ancré en moi à ce point, pourquoi moi, pourquoi encore aujourd’hui.
La nuit me glace, et même mes larmes ne me réchauffent pas. J’en ai assez d’être une menteuse à ce point.
6 ans plus tard, je ne suis toujours pas honnête. Je sais jouer avec les sentiments et les personnes, et pourtant ça ne me fait rien, rien que du mal. Ca ne m’amuse même plus comme au lycée.